Thursday, June 21, 2012

prix surface microsoft windows et aspects techniques; Microsoft office; XBOX

Le 20 juin 2012, Microsoft a dévoilé ses tablettes Surface, sa " iPad-rivaling tablet":

  • l’une tourne sous Windows RT avec un processeur ARM (épaisseur 9.3mm, 676g) et, 
  • l’autre sous Windows 8 Pro avec un Intel i5 Ivy Bridge (13.5mm, 903g). 
Elles ont la même taille d'écran mais la RT 'HD Display' (1,280x720-pixel) et la pro 'Full HD Display (1,920x1,080), écran 10.6 pouces ClearType Full HD. Rien à voir avec les nouveaux iPad's : 2,048x1,536 retina display. 

Le prix de détail de la Surface Windows 8 Pro devrait se situer aux alentours de 799$.
Celui de la Surface Windows RT devrait avoisiner les 599$ (http://www.digitimes.com/news/a20120619PD210.html).

A ce prix un ultrabook quasiment aussi léger pour le même prix, voire moins cher ou en dessous des 1000$ (900$ pour le macbook air d'entrée de gamme) devrait être  compétitif...

La tablette Microsoft Surface Windows 8 Pro est équipée des connectiques:

  • un port USB 3.0, 
  • un port microSDX 
  • un mini DiplayPort Video. 
2×2 MIMO antennae pour optimiser la réception WiFi

Elle sera proposée avec 64GB ou 128 GB de stockage.

Batterie : 42 W-h.

La Surface intègre, par exemple, un pied invisible dans la coque arrière. Les bords de la tablette sont à 22° pour que la tablette ait une inclinaison parfaite lorsqu’elle repose sur son pied. Lors de la présentation Microsoft a tenu à faire comprendre que la tablette Surface est un produit de rupture, fabriqué avec des technologies innovantes. Elle combine le savoir-faire de Microsoft en matière de software et de hardware. La coque de la Surface a été conçue avec le procédé VaporMg (Vapor Mag). Il permet de mouler différents composants avec du magnésium de l’épaisseur d’une carte de crédit. 

La Surface Windows 8 Pro est accompagnée d’un stylo numérique. L’écriture est très fluide. La sensation est annoncée comme étant comparable à celle de l’écriture sur du papier.  Pour cela, Microsoft à supprimer des couches entre le verre et l’écran. Microsoft a aussi rajouter un petit plus pour l’écriture avec le stylo. Windows 8 utilise la technologie Palm Block. Elle permet de poser la main sur la tablette quand on écrit sans que cela interfère avec l’écran tactile. Lorsque l’on approche le stylo de la tablette, Windows le reconnait et passe en mode écriture. Lorsqu’on n’a plus besoin du stylo, il se colle magnétiquement sur le côté de la Surface.
La Surface Windows 8 Pro peut aussi être accompagnée d’une autre Cover, la Type Cover. C’est un clavier tactile ultra fin (il est aussi compatible avec la Surface Windows RT).

La coque a été fabriquée avec le procédé VaporMg et elle est compatible avec la Touch Cover. Le gain de puissance lui fait cependant prendre un peu de poids. Elle pèse 903g et mesure 13,5mm d’épaisseur. C’est plus que les tablettes habituelles mais il ne faut pas oublier que Microsoft l’a pensé comme un PC. Pour un PC portable c’est donc très fin et léger. A comparer avec le nouveau macbook air 11pouces (voir post : http://stephane-mottin.blogspot.fr/2012/06/macbook-avantapres-les-annonces-apple.html).

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La Surface Windows RT fonctionne évidement sous Windows RT. Ellle est équipée d’un processeur Nvidia Tegra et d’un écran 10.6 pouces 16/9eme (la résolution pourrait être de 1366 x 768 pixels ?). La tablette est aussi très résistante aux chocs et aux rayures.

OS: Windows RT
Poids : 676 g (il est indiqué que le poids et l’épaisseur peuvent varier en fonction de la configuration et de la manufacture)
Epaisseur : 9.3 mm
Ecran : 10.6 pouces ClearType HD Display
Batterie : 31.5 W-h
Connectique : microSD, USB 2.0, Micro HD Video, 2×2 MIMO antennae
Accessoires : Office ‘15’ Apps, Touch Cover, Type Cover
Technologie : VaporMg Case & Stand
Configuration : 32 GB, 64 GB


The RT version won't have access to the full Windows desktop, so you'll be stuck with the touch-friendly Metro tiled interface (from Windows Phone).
http://reviews.cnet.co.uk/software-and-web-apps/how-to-use-windows-8s-new-interface-50008165/

Les Surface devraient être assemblées pas Pegatron Technologie. 

Microsoft office, la killer application du produit :


One confirmed treat is a touch-capable edition of Microsoft Office.

The Pro version will let you install any software you like (Photoshop, for example), but at a cost. The RT version will be cheaper, but you'll be restricted to the cheaper apps on the Windows Marketplace.

More assurance that developers were beavering away on Windows 8 apps would have been welcome -- as it is, the Surface will need to compete with Apple's truly vast selection of high-quality apps, which could prove tricky.

Le RT aura aussi sa version compilée de MS office.

XBOX

Xbox integration was rumoured ahead of the launch.


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« L’initiative de Microsoft qui vise à créer sa propre tablette est le signe que les fabricants de PC ont perdu le match, estime Ronan de Renesse, analyste principal chez Analysys Mason.

Au delà de ces détails pour le moins stratégiques, la grande question reste de savoir si Microsoft n’arrive tout simplement pas trop tard sur le marché des tablettes, plus de 2ans après l’iPad que même Android adopté par de nombreux constructeurs peine à concurrencer. Microsoft réussira-t-il là où HP avec la TouchPad, voire RIM avec la PlayBook, se sont cassés les dents ? Pour l’heure, les smartphones Windows Phone n’ont pas réussi à démontrer le contraire. Selon Peter Misek du cabinet Jefferies, « Microsoft devra significativement coupe l’herbe sous le pieds de l’iPad pour être concurrentiel ».
Le seul choix est de proposer une tablette avec office complet à moins de 500$.


Wednesday, June 20, 2012

la philosophie et science(s) du "care" ou du "soin social"


Le mot "care" fait fureur comme tous les anglicismes à la mode. Le terme "social", comme dans Sécurité Sociale, ou Socialisme l'intègre amplement dans son acception essentielle "d'attention à l'autre", prendre soin de l'autre notamment de celui qui est considéré socialement comme le "faible". Le terme "soin" est lui aussi éligible à une bonne traduction. Cette "attention à l'autre et aux faibles" est une caractéristique nouvelle chez les animaux avec tachymétabolisme (mammifères et oiseaux) car ils doivent prendre soins des nouveaux nés. Chez l'humain elle rayonne en de très nombreuses stratégies sociales. 

Ce mot ne signifie pas grand chose de plus que l'attention à l'autre (to take care of oneself,  to be careful), c'est-à dire une attitude limitée car prêter attention n'implique pas l'action. Il signifie juste l'idée d'un mouvement philosophique américain. La philosophie du care est une doctrine venu de la réflexion de philosophes américaines, dont une certaine Carol Gilligan (http://www.franceculture.com/oeuvre-carol-gilligan-et-l-%C3%A9thique-du-care-de-vanessa-nurock.html) , idées qui visent à installer au cœur de notre société ce minimum d'empathie sans quoi elle s'effondrerait. 

En France la doctrine "care-soin" a fait l'objet de polémique, de politisation (http://www.univ-paris1.fr/fileadmin/Centre_doc_ufr11/Jean-Michel_Chahsiche_SIP_2011.pdf) et de confusion avec certaines formes du féminisme, voir par exemple:

  • La question de la philosophie du care qui a été visitée par Martine Aubry en 2010 afin de rafraîchir un peu le corpus idéologique du PS.
  • Michel Onfray  dans Le Monde du dimanche 13 juin 2010, son billet intitulé "Martine, Carol, Simone et les autres" qui "attaquait" le fait que ces dames dévoyaient le féminisme en prétendant que les femmes étaient dotées de qualités "supérieures" à celles des hommes et que c'était sur elles qu'il fallait fonder une politique. Une sorte de sexisme à l'envers. 
    En piquant les citations hors de leur contexte, il fait comme si Carol Gilligan émettait l'idée que les qualités liées au soin et à l'attention envers l'autre étaient des qualités "naturelles" des femmes, alors qu'elle exprime une autre conception c'est-à-dire que de telles qualités, n'ayant pas été suffisamment glorifiées par notre société dite capitaliste, ont échu aux femmes. Ainsi ces qualités seraient « culturelles » et "non naturelle". En fait ces conceptions ont été développées par Darwin notamment son concept de civilisation qui limite les effets des stratégies "sélections naturelles". Hélas l'histoire n'a retenu que ses travaux sur la sélection naturelle. Maintenant nous sommes à un point de l'histoire où tout le monde (hommes y compris) doit récupérer ces qualités pour en faire celles de tous.
  • la réaction énervée  de quelques philosophes, Sandra Laugier et al: http://blogs.mediapart.fr/blog/sandra-laugier/200610/yes-we-care



Tuesday, June 19, 2012

Linguiste CNRS spécialisée en phonétique; logiciel d'analyse phonétiquePRAT


Les deux grands volets principaux des recherches actuelles de Md Wellby (http://aune.lpl.univ-aix.fr/~welby/) sont :


  • la phonologie intonative du français et le rôle d'indices intonatifs dans la détection de mots dans le flux de la parole, c’est-à-dire la segmentation lexicale ;
  • la production et perception de l'irlandais, langue comportant certains phénomènes typologiquement rares.
Dans les deux volets, elle examine différents phénomènes se déroulant au début du mot, cette position étant considérée comme privilégiée dans le traitement de la parole. Elle s'intéresse aussi à des phénomènes centraux du langage humain, dont l’accès lexical, le traitement et la représentation des variations et des alternances dans le lexique mental.

Ses travaux sur l’alignement tonal (la synchronisation temporelle de la fréquence fondamentale (F0) avec les unités segmentales) et l’étendue tonale (la hauteur relative des pics et creux de F0) ont contribué à mieux comprendre la structure intonative du français. Elle a proposé une esquisse de modèle phonologique de l’intonation de la langue, où notamment la montée initiale et la montée finale sont considérées comme deux types d’unités bitonales, mais pas au sens traditionnel du terme bitonal (Welby 2003, 2006). Avec ses collègues, ils ont proposé la notion de segmental anchorage (Welby et Lœvenbruck 2006), qui s’oppose à l’idée reçue de segmental anchoring (Arvaniti et al. 1998, Ladd et al. 1999). Ses recherches ont également démontré l'utilisation des indices intonatifs des débuts de mots par les auditeurs français dans la segmentation lexicale et l'accès lexical (Welby 2003, 2007, Spinelli et al. 2010, 2011).


Spinelli, Elsa, Pauline Welby et Anne-Laure Schaegis. 2007. Language and Cognitive Processes 22: 828–859. Fine-grained access to targets and competitors in phonemically identical spoken sequences. [pdf: http://aune.lpl.univ-aix.fr/PAPERS/spinelli-welby-schaegis-final-LCP.pdf]

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Comment obtenir Praat

Praat est disponible pour plusieurs plates-formes (Windows, Macintosh, Unix, Linux) et peut être téléchargé (gratuitement) depuis le site http://www.praat.org. Le code source est également disponible, et il y a un groupe d'utilisateurs de Praat.

http://aune.lpl.univ-aix.fr/~welby/PAGES/praat-fr.html

Réseau Francophone de Sociolinguistique; pour un bilinguisme ouvert;L'affaire Benisti-Villepin


Naissance du RFS:

A l’occasion de l’appel d’offre de la Délégation générale à la langue française (DGLF) en juin 1999, sur le thème « Observations des pratiques linguistiques », un certain nombre de chercheurs d’universités diverses et qui avaient eu l’occasion de se mettre en contact à l’occasion de projets d’habilitation de diplômes mis en ouvre à l’Université de Tours ont décidé, sur des thèmes liés aux pratiques linguistiques en France, d’amorcer des échanges scientifiques. Ces chercheurs ont donc convenu, dans le cadre de leurs équipes respectives, de présenter des projets autonomes, et complémentaires. A moyen terme et pour compléter cette amorce de collaboration, l’idée d’une rencontre courant 2000 s’est formée.

Courant novembre 1999, l’EA 2534 de l’ENS Fontenay-St Cloud « Plurilinguisme et apprentissages » et l’UPRESA 6058 du CNRS / Aix-Marseille I, « Etudes créoles et francophones », se sont associés au projet d’un colloque, réalisé à Tours, et dont l’intitulé a été « France, pays de contacts de langues ».

http://rfs.socioling.org/


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L'affaire Benisti

RAPPORT PRELIMINAIRE DE LA COMMISSION PREVENTION DU GROUPE D’ETUDES PARLEMENTAIRE SUR LA SECURITE INTERIEURE
Présidé par Jacques Alain Bénisti, Député du Val-de-Marne et les membres de la Commission sur la prévention de la délinquance Rapport remis à Dominique de VILLEPIN, Ministre de l’Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales Octobre 2004
http://rfs.socioling.org/spip.php?article28



Lettre adressée à M. Benisti, suivie du c-r de l'entrevue avec M. Benisti  de Michel Grenié, Louis-Jean Calvet et Philippe Blanchet


Madame, Monsieur,
Dans le cadre de la préparation d'une loi sur la prévention de la délinquance annoncée par M. Dominique de Villepin, Ministre de l'Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, un rapport préliminaire lui a été remis en octobre dernier par la commission prévention du groupe d'études parlementaire sur la sécurité intérieure (GESI), présidée par Jacques Alain Bénisti, député du Val de Marne.
Si c'est d'abord comme citoyens que nous avons pris connaissance de ce texte, c'est ici en tant que professionnels de l'étude du langage, des langues et de leur apprentissage que nous réagissons à la lecture de ce document. Celui-ci ne pouvait nous laisser indifférents, tant il regorge de simplifications outrancières, de contrevérités et de pseudo-évidences.
Avant de proposer des mesures qui se veulent préventives, les rédacteurs se livrent à un examen, période par période et dès " le berceau ", du parcours type d'un jeune délinquant.
Or, dans ce parcours type, le fait d'avoir des " parents d'origine étrangère " susceptibles d'utiliser " le parler patois du pays " à la maison constituerait, dans la chaine des causes, le premier facteur potentiellement générateur de déviance.
Les auteurs établissent ainsi d'emblée un lien implicite mais néanmoins direct entre bilinguisme et trajectoire déviante, tout en ciblant, par le recours à la désignation dévalorisante " parler patois du pays ", certains bilinguismes. Partant de ce postulat, ils préconisent que les parents s'obligent " à parler le français dans leur foyer pour habituer les enfants à n'avoir que cette langue pour s'exprimer " (p. 9). S'ensuit toute une série de mesures à mettre en ouvre dans le cas où les parents passeraient outre cette injonction première. Ces mesures médicalisent et partant, stigmatisent, les pratiques langagières et les locuteurs, alors même que le rapport s'émeut plus loin des effets possibles de la stigmatisation sur les enfants en échec scolaire (p. 15).
D'un point de vue sociolinguistique, ces déclarations appellent plusieurs remarques :
.    Il est indéniable que la maitrise du français, langue de l'école et de la société est indispensable à l'insertion sociale des futurs citoyens. Mais, il n'en reste pas moins qu'assimiler, toujours de manière implicite, le bilinguisme à une pathologie et le mettre en rapport avec la délinquance est scientifiquement non fondé. En tant que linguistes, nous sommes en mesure d'affirmer, sur la base de nombreux travaux réalisés en France comme à l'étranger, depuis maintenant plus d'une trentaine d'années, que les choix de langues dans la communication familiale ne constituent pas en soi un facteur de risque. Il suffit de considérer la diversité des familles dans lesquelles plusieurs langues sont utilisées pour constater l'absence de corrélation entre bilinguisme et délinquance. En revanche, d'autres champs des sciences humaines et sociales montrent que certaines conditions de vie, caractérisées par une faiblesse des ressources matérielles et symboliques, augmentent les probabilités de " carrière déviante " pour les enfants qui sont socialisés dans ces cadres.
.    L'État n'a pas vocation à réglementer les usages linguistiques au sein des espaces privés que sont les familles, même si les témoignages abondent de personnes à qui il a été déconseillé de parler leur langue à leurs enfants, au motif de risques d'échec scolaire. Cela est d'autant plus étonnant que l'État incite par ailleurs au maintien et au développement de la diversité linguistique. On en prendra pour seul exemple un extrait du B.O. hors série n° 1 du 14 février 2002, intitulé " Objectifs et programmes pour l'école maternelle " : " Selon les ressources présentes dans la classe, dans l'école ou dans son environnement immédiat, les langues parlées par des élèves dont le français n'est pas la langue maternelle sont valorisées. On peut présenter des énoncés, des chants ou des comptines dans ces diverses langues, en particulier lors d'événements festifs (anniversaire d'un élève, fête dans l'école...), et mémoriser les plus faciles. L'intervention ponctuelle de locuteurs de ces langues est favorisée. "
Comment un enseignant pourrait-il, en maintenant un minimum de cohérence dans sa pratique professionnelle, respecter les directives proposées dans ce rapport et les orientations officielles inscrites dans les programmes de l'école maternelle ?
Enfin, et sur un tout autre plan, le fait que nous soyons obligés de réagir par le biais de cette lettre aux élus de la nation, soulève deux questions plus larges :
.    Cette réaction de notre communauté scientifique, directement concernée, pose, en premier lieu, avec une certaine acuité, la question des relations entre le monde de la recherche et celui de la décision et de l'action politiques. Certes, la décision et l'action appartiennent indiscutablement à la sphère politique, mais supposent une étape préalable d'information : quelle peut être, dans ce processus, la portée des recherches en sciences humaines et sociales ?
.    En second lieu, les résultats de ces recherches financées essentiellement par l'État, ne devraient-elles pas avoir comme finalité ultime d'apporter des éléments de réflexion utiles à l'élaboration des politiques sociales ?
L'ensemble des signataires de cette lettre :
.    Souhaiterait vivement établir un dialogue avec les auteurs du rapport - quel que soit leur degré d'implication dans les travaux de la commission - à propos des conceptions linguistiques qui sous-tendent ce document ;
.    Se déclare également prêt à contribuer à toute opération de discussion / réflexion / concertation / conseil qui semblerait nécessaire à l'information de la sphère politique en matières de questions relatives aux langues (Contrat d'accueil et d'intégration, didactique du français et des langues étrangères, politiques linguistiques en faveur du français, des langues régionales, des "langues de France", des langues en Europe, du français dans le monde, etc.).


Compte-rendu de l'audition de Michel Grenié, Louis-Jean Calvet et Philippe Blanchet, linguistes, par la commission « prévention » du Groupe d'étude Parlementaire sur la sécurité Intérieure (GEPI), à l'Assemblée nationale le mardi 29 mars 2005 de 17h à 19h.
Cinq députés, dont M. Bénisti, qui préside la commission, et deux députés PS qui se sont déclarés en désaccord avec le pré-rapport, sont présents (un bref échange entre les membres de la commission semble montrer que M. Binisti était l'unique auteur du pré-rapport, qu'il ne l'avait pas été soumis aux autres parlementaires et que certains s'en plaignaient poliment). L'assistante parlementaire de M. Bénisti prend des notes pour préparer un compte-rendu.
M. Bénisti présente les objectifs de la commission (« prévention d'une délinquance croissante chez les jeunes ») et insiste notamment sur la question linguistique en s'appuyant sur des déclarations d'enseignants à propos d'élèves « ne comprenant pas le français » qu'ils sont alors amenés à marginaliser dans leurs classes. Il fait allusion aux réactions suscitées par son pré-rapport, qui a été envoyé au Ministre à la demande urgente de ce dernier et sans que ce pré-rapport n'ait été examiné par la commission.
Après une rapide présentation des trois linguistes, chacun dans un champ de compétence complémentaire, nous avons pris la parole dans l'ordre suivant : Michel Grenié, Louis-Jean Calvet et Philippe Blanchet.
M. Grenié a tout d'abord insisté sur les approximations et les biais méthodologiques du rapport, notamment le pseudo-graphique initial et les a-priori sur l'acquisition, la pratique des langues et sur des visions eugénistes de la société datant du XIXe siècle. Il a ensuite présenté les objections générales contre l'idéologie monolingue sous-jacente à ce document, qui fait l'impasse sur les causes socio-économiques de marginalisations et de parcours « déviants ». Un débat a eu lieu avec les députés, qui objectent d'abord sur le mode « nous on pratique le terrain », et qui admettent ensuite les effets (involontaires ?) induits par le rapport qui implique que le plurilinguisme des migrants serait à la source de la délinquance. J.-A. Bénisti revient néanmoins à la charge sur les migrants maghrébins et d'Afrique subsaharienne.
L.-J. Calvet a pris la parole en insistant, précisément, sur le fait que nous sommes des linguistes de terrain, et a cité ses travaux sur les communautés migrantes de Belleville et de Marseille, puis sur certaines situations africaines qui expliquent les rapports divers entretenus avec le français et les formes de plurilinguisme par des locuteurs issus de diverses cultures et divers contextes sociolinguistiques. Il est revenu sur les illusions de scientificité du graphique déjà mentionné et a affirmé l'absence de corrélation entre pratiques linguistiques et délinquance. Il indique ensuite que les enfants issus de la migration ont des résultats scolaires bien meilleurs lorsqu'ils dominent leur langue d'origine (comme les chinois par exemple) que lorsqu'ils la dominent mal ou pas du tout (comme les africains ou les maghrébins). De ce point de vue, il serait souhaitable de cultiver le bilinguisme des enfants de migrants, de les mettre à l'aide dans leur double culture potentielle. Un débat s'ensuit, qui porte notamment sur les facteurs socio-économiques jouant pour ou contre l'intégration de migrants, et sur les représentations sociales de la société d'accueil et leurs effets dans l'acceptation ou le rejet de groupes de migrants.
Ph. Blanchet a pointé divers amalgames et confusions présents dans le rapport, notamment, outre ceux déjà mentionnés précédemment, entre monolinguisme, plurilinguisme et niveau de compétence linguistique, entre acquisition familiale et acquisition sociale, entre plurilinguisme et « délinquance ». Il a rappelé que tous les travaux récents sur ces questions préconisent un plurilinguisme non contrarié, ce que les orientations de l'éducation nationale ont pris en compte depuis quelques années. Il attire l'attention sur les risques d'insécurité linguistique, de syndrome identitaire de la « 3e génération », déjà rencontrés à propos des langues régionales, en cas de déprivation des langues de référence culturelle au profit d'un monolinguisme forcé. Un débat a eu lieu sur la possibilité effective d'envisager l'enseignement des langues dans cette dynamique plurilingue, jusque là inconnue des parlementaires.
M. Grenié, L.-J. Calvet et Ph. Blanchet ont tous trois donné des réponses à ces questions en termes d'acquisition, de politique linguistique éducative, de compétences plurilingues et de formation des enseignants. En particulier, ils insistent sur le fait qu'il est souhaitable d'aider de toutes les façons possibles les migrants à mieux manier le français pour les aider dans leur insertion, mais qu'il est en même temps souhaitable de les inciter à mieux transmettre leur langue d'origine à leurs enfants. Pour conclure chacun a rappelé quelques unes des maladresses ou erreurs de ce pré-rapport à éviter absolument, et tous ont conclus sur l'absence totale de corrélation de prédictibilité entre pratiques de langues autres que le français, migration et « délinquance ».
Après-propos : Une des difficultés rencontrées est l'absence grave d'information sur les questions linguistiques de la part des députés. Une autre se trouve dans des a priori idéologiques manifestes, soit à l'encontre de certains groupes de migrants (notamment de la part des députés de droite), soit à l'encontre de la pluralité linguistique (et ceci y compris de la part de députés de gauche). Enfin, la méthode de travail de cette commission est visiblement lacunaire, centrée sur des anecdotes empiriques telles que perçues par les parlementaires ou certains informateurs trop ponctuels, et sur des avis reçus en réponse à des présupposés pathologisants. Mais notre audition est un signe positif. Beaucoup de notes ont été prises. Reste à voir ce qui en découlera.