Sunday, January 8, 2017

Editer, Publier, Archiver et Diffuser la Recherche Scientifique. être éditeur à l’ère numérique.


Fruit d’une collaboration entre l’école doctorale d’histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Christine Ducourtieux), les Publications de la Sorbonne (Céline Barthonnat et Audrey Orillard) et l’URFIST de Paris (Aline Bouchard), cette séance s’est tenue à la Bibliothèque de recherche du Collège de France.

Consacrée aux enjeux et aux pratiques de l’édition scientifique publique, son objectif était d’éclairer les trois facettes de la diffusion de la recherche – éditer, publier, archiver –, sous des angles aussi complémentaires que l’édition électronique des revues, la réédition, l’archivage institutionnel ou encore l’édition scientifique publique.

Intervenants

* Julie Verlaine (maître de conférences en histoire contemporaine, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) ;
* Élise Gruselle (secrétaire de rédaction, Institut national d’histoire de l’art) ;
* Sophie Guérard de Latour (maître de conférences en philosophie, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directrice adjointe des Publications de la Sorbonne);
* Emmanuelle Fleury et Céline Vautrin (secrétaires de rédaction, Publications du Collège de France) ;
* Noémie Musnik (coordinatrice de l’archive ouverte Spire, Sciences Po)
* Anne Chatellier et Christophe Labaune (conservateur et archiviste, Bibliothèque du Collège de France)

programme
http://giry.enc.sorbonne.fr/sites/default/files/ab/boudoirs/Boudoirs_20151208_Edition.pdf

Résumé

Comme le rappelle Audrey Orillard en introduction, les publications scientifiques sont désormais foisonnantes. Si le contexte institutionnel amène à publier vite, sous quelque forme que ce soit (colloque, blog, compte rendu…) – le fameux publish or perish – le développement même des outils numériques participe de cette accélération.
Mais ce foisonnement des publications amène deux paradoxes :

  • le premier est que l’on se pose de moins en moins la question « Pourquoi publie-t-on ? » ; 
  • le deuxième est que l’on ignore trop souvent les questions inhérentes à la publication : questions juridiques (droits d’auteur et contrat), questions techniques (pérennité des serveurs), questions scientifiques enfin (multiplication des versions d’un même texte), toutes questions qui, survolées ou ignorées, peuvent conduire à un véritable « naufrage scientifique ». 

Il est donc important de mieux mettre en valeur les médiateurs souvent cachés derrière l’auteur que sont l’archiviste, le bibliothécaire ou encore l’éditeur, afin de mieux comprendre leur métier, et ceci d’autant que l’on assiste aussi de plus en plus à une simultanéité des pratiques.

La demi-journée s’est organisée en trois grandes parties :

  • éditer ses travaux quand on est chercheur (docteurs qui souhaitent publier leur thèse en SHS);
  • être éditeur à l’ère numérique ;
  • donner accès à la recherche scientifique.

être éditeur à l’ère numérique

La situation est contrastée pour l’édition publique au sein de l’édition française (6 % des titres publiés, mais 1,6 % des ventes et 1,4 % du chiffre d’affaire en 2012) et surtout, elle pâtit de la dégradation générale de l’édition scientifique marquée par une diminution de 15% des ventes en sciences humaines et sociales, malgré une augmentation du nombre de titres quand bien même, contrairement à d’autres secteurs, une place importante reste laissée aux ventes de la longue traîne, c’est-à-dire le fonds hors nouveautés. Enfin, particularité des maisons d’édition universitaire, l’auteur ne perçoit pas de droits d’auteur.

Le passage en ligne s’est accompagné d’une réflexion sur le format numérique lui-même. Il est ainsi possible de combiner une version papier et une version numérique, au format XML-TEI permettant ainsi un archivage et des réutilisations ultérieures. 
Le modèle économique a également été adapté.


Assurer un très bon référencement sur les moteurs de recherche et permettant d’élargir l’audience du lectorat.

Mais que l’ouvrage soit papier ou numérique, le processus de publication et le travail éditorial n’ont pas fondamentalement changé, associant à l’auteur, des directeurs de publications/collections (des rapporteurs, un comité éditorial et une équipe éditoriale, chargés d’apporter conseils, critiques et expertise rédactionnelle et formelle). La diversité des tâches (acceptation du manuscrit, fabrication de la maquette, relecture, gestion de l’iconographique) explique à la fois le délai de publication (compter entre 1 et 1,5 ans entre la soumission au comité et la publication effective) et les coûts (compter 1 300 € HT pour la relecture de 300 p.), et explique pourquoi de plus en plus de maisons d’édition limitent les étapes de relecture par exemple. Afin de faciliter ce processus, on ne saurait trop recommander aux auteurs de se renseigner sur les recommandations de la maison d’édition, voire à contacter les directeurs de publications et l’équipe éditoriale.

Mais la numérisation et la mise en ligne de documents initialement imprimés ont fait émerger de nouvelles questions : faut-il, selon la division proposée par Robert Chartier, 
  • proposer une version homothétique du papier au format numérique (simple PDF) 
  • ou faut-il profiter des potentialités du web (ajout de liens, de multimédia), sortant ainsi du principe du livre traditionnel comme espace clos ? 
C’est finalement un principe de réalité qui l’a emporté, tout simplement parce que le processus de réédition électronique est extrêmement long, voire parfois plus long que le processus d’édition électronique. 

Car à côté du travail d’édition (vérification de la numérisation, modernisation de l’édition…), il y a besoin d’une vraie réflexion sur les décisions à prendre ou encore le niveau d’intervention : 
dans quelle mesure enrichir le contenu (quatrième de couverture, mots-clés, compléments bibliographiques…) ?
faut-il donner simplement un texte historique ou favoriser sa réactualisation ? ; 
comment associer les pratiques de la publication papier et les nécessités de la navigation numérique 
(ex. : métadonnées au niveau même de l’article et non du volume ; 
métadonnées contrôlées quelles que soient les publications et diachronie autour d’un auteur ou d’une thématique ; 
renvoi vers d’autres éléments du site) ? 

Dans ces conditions, la décision a été prise de combiner 
  • une réédition scientifique, article par article, sur OpenEdition, et 
  • un archivage du PDF du volume initial historique dans son entier sur le portail Salamandre du Collège de France. 
Deux types d’édition différents ne répondant pas aux mêmes objectifs : dans le premier cas, un format facilitant la diffusion et la navigation ; et, dans le second, un format à des fins critiques. Et au final, ce travail est en fait moins une simple réédition qu’une édition de sources, rapprochant ainsi le travail des services de publication du travail de l’historien.

Donner accès à la recherche scientifique

Donner accès à la recherche scientifique, c’est donner accès à l’ensemble des documents de la science, qu’ils soient documents secondaires (publications, travaux universitaires) ou documents primaires (données, archives). Dans les deux cas, les professionnels de l’information comme les bibliothécaires ou les archivistes sont des personnes clés. Mais si l’on n’a pas attendu le développement du numérique pour faciliter l’accès aux documents, grâce aux catalogues par exemple, il est vrai que l’arrivée d’internet ouvre des perspectives plus larges à la visibilité de la science.

Premier exemple de cet accès renouvelé, le développement de plateformes de dépôt de publications, autrement appelées archives ouvertes. La présentation par Noémie Musnik de Spire, l’archive institutionnelle de Sciences Po, commence par re-situer cette archive dans le contexte plus large de l’open access, mouvement international visant à construire un réseau ouvert de diffusion et de partage de la connaissance scientifique en abaissant les barrières économiques (absence d’abonnement), technologiques (présence de métadonnées et interopérabilité) et juridiques (accès au contenu immédiat) et en ouvrant les données scientifiques à toutes les communautés scientifiques et à tous les publics (grand public, journalistes, décideurs). 
Comme pour les autres dépôts d’archives ouvertes – il y en aurait plus de 3 000 dans le monde et une centaine en France –, Spire (Sciences Po Institutional Repository) repose sur le principe de l’auto-archivage de ses documents par le chercheur. 
Ouvert à différents types de documents (littérature grise, articles à venir/publiés…), il a pour objectif de référencer l’ensemble des publications des chercheurs de Sciences Po, et en accroître ainsi la visibilité. De fait, le contenu de Spire est visible sur les moteurs de recherche, y compris scientifiques comme Google Scholar ou Isidore, les principaux portails… 
Néanmoins, si le dépôt du texte intégral est vivement recommandé, il n’est pas automatique (seulement 32 % des références disposeraient ainsi du texte intégral). Or, au-delà du simple signalement, Spire a vocation à diffuser les documents déposés en texte intégral, mais aussi à leur assurer une conservation pérenne et établir leur antériorité scientifique. Par ailleurs, et c’est une particularité de cette archive, la publication déposée n’est pas systématiquement visible sur internet et peut n’être qu’une copie privée à des fins d’archivage. Reposant sur une solide organisation interne (coordinateurs dans chaque laboratoire au plus près des chercheurs, services supports, manuel d’utilisation…), l’archive ouverte de Sciences Po amène une véritable réflexion politique en faveur d’une forte incitation au dépôt, d’autant que d’autres services concurrents comme les réseaux sociaux (Academia, ResearchGate) n’apportent, de leur côté, aucune garantie en terme d’open access et de pérennité des données déposées.

Exemple spire:
Ready for the Future? A Survey on Open Access with Scientists from the French National Research Center (CNRS)
qui est une ref biblio qui va vers:


Ref: http://urfist.enc-sorbonne.fr/veille-et-recherche/ateliers/les-boudoirs-de-lhistorienne/seance-du-8-decembre-2015-editer-publier-a

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