Thursday, November 10, 2011

une analyse des "archives ouvertes"; Open archive initiative (OAI);plus de 150 sites en France de publications en ligne!

Depuis une vingtaine d’années, émergent d’autres modèles économiques de production et de diffusion de l’information, encore minoritaires cependant. On peut citer par exemple le site Public Library of Science (PLoS) qui publie notamment en accès libre des revues en biologie, génétique, médecine. On peut mentionner des revues d’autres domaines scientifiques comme le Journal of High Energy Physics, ou le Journal of Cosmology and Astroparticle Physics, qui sont des revues à comités de lecture et à fort facteur d’impact (5,5 à 6) et pour autant librement accessibles aux chercheurs.

39De fait, l’initiative consistant à mettre à la disposition de la communauté scientifique des bases de données libérées des contraintes de l’édition commerciale a été mise en œuvre dès les années 1990 par des chercheurs spécialisés dans la physique des hautes énergies. Connues sous le nom d’« archives ouvertes », ce type d’action a fait de nombreux émules.

40Depuis lors a été développée l’Open archive initiative (OAI), qui a abouti notamment à la définition de protocoles d’interopérabilité. En 2003, lors de la conférence de Berlin, un appel pour le développement international d’archives ouvertes a été lancé par plusieurs organismes de recherche. En France, depuis 2006, une grande partie des organismes de recherche et la Conférence des présidents d’université (CPU) ont signé un protocole d’accord visant à faciliter la coordination au plan national des archives ouvertes.

    13  JISC, Modelling Scholarly Communication Options : Costs and benefits for universities, 2010. (...)

41S’il fallait encore le démontrer, une étude britannique récente du Joint Information Systems Committee (JISC)13 met en lumière les avantages que revêtirait pour la communauté académique le passage à d’autres structures de production et de diffusion de la connaissance. En effet si l’on intègre l’ensemble des coûts de la recherche (de l’information à la publication), le modèle des archives ouvertes (open archives) paraît bien plus avantageux que le modèle actuel. Fondé sur une enquête portant sur un panel de quatre universités britanniques représentatives, cette étude a évalué non seulement les coûts des bibliothèques mais aussi la totalité des coûts de la recherche induits par la publication d’articles scientifiques. Elle compare ensuite le coût unitaire d’un article scientifique dans différents modèles économiques.

42Dans le cas de la publication dans des revues en libre accès, le coût d’un article scientifique est largement inférieur à la publication par le circuit commercial. Simulant plusieurs modèles alternatifs, l’étude du JISC montre que les établissements du panel réaliseraient des économies, mais celles-ci seraient plus importantes dans le cas d’un open access intégral : entre 300 000 £ et 7 millions de £ selon la taille des universités.Il faut souligner que ces modèles considèrent les économies induites pour l’ensemble du processus de recherche et pas seulement du point de vue de l’acquisition de revues.

43On ajoutera que la généralisation d’archives ouvertes permettrait aux bibliothèques de recherche de devenir plus aisément des agrégateurs de contenus et d’offrir à un coût réduit sur une même plateforme, sur un même portail, avec des outils d’indexation transparents aussi bien les contenus internes de l’organisme de recherche que les contenus externes.

44Force est cependant de constater que le succès des archives ouvertes demeure limité.

    14  Bo-Christer Bjork, Patrik Welling, Mikael Laakso et al., « Open Access to the Scientific Journal L (...)

45 On estime en général que les publications en libre accès ne représentent pas plus de 15 % de la masse globale des articles. Une étude portant sur 1 837 revues à comité de lecture réalisée par la Hanken school of economics d’Helsinki (14) évalue cette proportion à un peu plus de 20 %, mais seulement à 8,5 % la part des articles publiés dans des périodiques directement en libre accès. Le foisonnement des initiatives (plus de 150 sites en France) rend difficile une vue d’ensemble.

46Ce succès partiel d’un modèle économique pourtant plus avantageux pour les chercheurs n’est pas sans explications.

47Tout d’abord, la notion d’archives ouvertes ne recouvre pas, d’un site à l’autre les mêmes contenus. Le premier obstacle tient au manque d’homogénéité du concept. Des documents anciens d’intérêt inégal peuvent voisiner avec des thèses récentes, de simples signalements bibliographiques avec du texte intégral.

48Par ailleurs, le développement des archives ouvertes n’a pas le même niveau de maturité selon les disciplines. Très avancé en physique et en mathématiques, il l’est beaucoup moins par exemple en biologie et dans les disciplines de la santé où la dépendance vis-à-vis des revues commerciales reste forte.

49Enfin, et plus profondément, la réticence à déposer systématiquement les nouveaux articles sur des sites ouverts résulte de l’organisation même de la recherche, qui contraint encore les chercheurs à publier dans des revues commerciales à fort facteur d’impact, lesquelles ont les conséquences les plus significatives sur leur carrière.

50Cependant, dans le contexte international actuel, qu’il s’agisse des consortiums ou des archives ouvertes – deux stratégies qui ne sont pas contradictoires –, le fonctionnement en réseau des bibliothèques de recherche, le renforcement des stratégies de mutualisation constitue l’orientation à privilégier. On ne peut que souscrire pleinement aux propos que tenait Gérard Fussman lors de l’ouverture de ce colloque : « Il faut mutualiser les moyens et multiplier les coopérations ».

51Compte tenu de l’ampleur des questions posées, cette problématique ne concerne pas seulement la politique propre de chaque établissement mais aussi celle des États, et il faut souligner que les stratégies de mutualisation sont tributaires des politiques publiques. Ainsi, même s’ils dépendent de cofinancements de leurs membres, partout dans le monde les consortiums ont bénéficié d’un soutien financier de pouvoirs publics nationaux ou régionaux.

Ref:
http://conferences-cdf.revues.org/305#tocfrom2n4

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